Vice-champion du monde U18 avec l’Équipe de France, All Star du Basketball Without Borders 2017, Matthieu Gauzin est aujourd’hui une vraie pépite de Jeep Élite. Un talent qu’il ne soupçonnait pas, au départ… Le jeune meneur du Champagne Basket s’est, petit à petit, surpris de découvrir ses capacités techniques et athlétiques. À tout juste 20 ans, Matthieu a gagné en maturité, et se tient prêt à affronter les défis qui l’attendent. Matthieu Gauzin se confie !
Crédit photos : Teddy Picaudé
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La première fois que je suis tombé dans le basket, c’était lors d’un événement organisé par ma ville, où tu découvrais tous les sports. J’avais testé la boxe, l’escalade, mais ça ne me plaisait pas. Puis, j’ai essayé le basket et j’ai vraiment kiffé. Alors je me suis dit : « Je vais m’inscrire dans un club ». C’est à partir de là que tout a commencé.
À l’époque, je faisais également du tennis. J’hésitais beaucoup entre ces deux disciplines mais j’ai penché pour le basket car c’était un sport collectif. Je préfère quand tu partages des émotions avec tes coéquipiers, c’est plus sympa que lorsque tu gagnes et que tu es tout seul à célébrer. Et quand tu découvres de nouvelles personnes, tu te fais de nouveaux potes.
Quand j’ai commencé le basket, j’aimais vraiment LeBron James, c’était mon joueur préféré. Mais je n’avais pas vraiment d’idoles qui m’ont « poussé » à faire du basket, c’était juste le plaisir de jouer.
L’idée de devenir pro, elle m’est venue quand j’étais au pôle espoir, vers 13-14 ans. Je me suis dit « ah ouais, ça devient sérieux quand même, j’aimerais bien que ça devienne mon travail ».
MATTHIEU GAUZIN : JE N’ÉTAIS PAS SÉRIEUX !
À 13 ans, j’intègre le pôle espoir, à Orléans. Ma première année était un peu difficile, dans le sens où je n’étais pas vraiment fort. J’avais du mal à dominer. L’année 2000 était l’une des meilleures générations que le pôle ait pu avoir. Il y avait Lucas Bourhis, Gaétan Meyniel, Benjamin Ngondo. Donc il y avait des joueurs de grands talents. Moi, j’avais beaucoup de mal, alors je jouais en minimes-région.
Après, en 2ème année, même moi, j’étais choqué du fait que je puisse être aussi bon. Je faisais des choses, je ne pensais même pas que j’étais capable de faire ça. Premier match en minime-France, je n’avais jamais joué à ce niveau, j’ai mis 34 points. Je me disais : « Quoi ? Moi, je sais faire ça ? ». On a enchaîné et on finit l’année champion de France.
Derrière, j’intègre le Mans SB. Une première année, de nouveau, un peu bizarre. J’étais un peu trop jeune, et j’étais un petit con. Je faisais des trucs bêtes, je n’étais pas sérieux. En termes de basket, ça va, j’étais bon, mais en dehors, ça n’allait vraiment pas.
À l’école, je dormais en cours parce que j’étais KO. Le soir, je faisais n’importe quoi. En fait, j’étais immature. Mais en 2ème et 3ème année, j’ai compris, et c’est là que ça a vraiment commencé pour moi : Équipe de France, les camps européens, tout ça… et à 18 ans, je signe mon premier contrat pro.
MATTHIEU GAUZIN : “LES CHAMPIONNATS DU MONDE AVEC MALEDON, HAYES…“
La préparation aux championnats du monde U17, il n’y avait que des vrais joueurs. Je sortais des espoirs, je faisais une bonne saison… mais, là, je me retrouve à côté des Théo Maledon, Killian Hayes, Malcolm Cazalon : vraiment des joueurs de fou.
Ça a duré 1 mois et demi, où tu es tout le temps avec eux, tu t’entraînes beaucoup. Franchement, c’est dur, parce que c’était la première fois pour moi d’être avec de tels coéquipiers. Mais comme il y avait une très bonne ambiance, ça allait.
Le mois de préparation, on allait un peu partout en France : Montpellier, Paris, Bourges… Après on a eu les championnats du monde, à Santa Fe, en Argentine. On est parti une semaine à l’avance, pour faire 2 matchs amicaux là-bas. L’un contre l’Argentine, l’autre contre Team USA.
Quand on a joué contre Team USA, on pouvait gagner. À la fin, on a craqué et on s’est pris « +20 » au 4ème quart-temps. La fin de match était bizarre, mais sinon, ça allait, on avait bien tenu… ce n’était pas la finale… [rires] (défaite de la France 95 à 52).
Le second match contre l’Argentine, on a gagné de 15-20 points. Je fais un bon match, je mets 15 points, en sortie de banc, alors que je n’avais joué que 10 minutes.
EN TEAM FRANCE, TU NE PEUX PAS FAIRE D’ÉCART
La compétition commence et je me souviens, les championnats du monde, c’est vraiment un truc de fou : tu as 17 ans, à peine et pour ton premier match tu joues le pays organisateur devant 6000 personnes. C’était la première fois de ma vie et c’est dingue, les gens ils te crient dessus à chaque fois que tu marques.
On gagne contre l’Argentine et ce match nous a bien mis dedans. On a enchaîné les victoires, et voilà, on arrive en finale. On perd contre Team USA, mais c’était vraiment une expérience incroyable.
Niveau ambiance, on était tous unis dans l’équipe. C’était bizarre tellement on s’entendait bien. Il n’y avait pas de problème d’ego, pas de gars tout seul dans son coin, tout le monde était ensemble.
Quand tu es en Team France, c’est sérieux, tu ne peux pas faire d’écart. Tu fais juste du basket, c’est tout. Tu es venu pour faire quelque chose, donc tu ne fais que ça. C’était très strict, mais ce n’est pas plus mal. Tu imagines si pendant le mois de préparation, tu viens, tu fais ce que tu veux, tu peux sortir le soir, etc. non, ce n’est pas possible !
On a vraiment fait la compétition dans de très bonnes conditions. Tout a été mis en place par la FIBA pour qu’on soit bien traité. Ces championnats du monde, c’est l’un des meilleurs souvenirs de ma carrière.
L’Équipe de France A forcément, j’y pense. Quand tu goûtes une fois au maillot bleu, tu as envie de rejouer avec, car c’est toujours une immense fierté de le porter.
MATTHIEU GAUZIN : « C’EST LA CHANCE DE MA VIE »
Le meilleur moment de ma carrière, c’est le Basketball Without Borders. C’est là où j’ai été le plus « proche » de la NBA. J’ai fait un très bon stage.
Quelquefois, des choses arrivent, tu ne sais pas pourquoi, mais je pense que c’était le destin. De base, je ne devais pas le faire, c’était Théo et Killian, qui devait y participer. Au dernier moment, on m’appelle, et je me suis dit « ça, c’est là chance de ma vie ».
Je suis arrivé là-bas, et durant le premier match de chauffe j’étais trop nul. Mais je me suis bien remis en question, je me suis dit : « le prochain match, ne t’inquiète pas… J’ai compris… ».
Et après ça, j’étais parti. Là-bas, tu fais 2-3 très bons matchs, tu fais du bruit, facilement. Quelques bonnes prestations et ça commence à parler de toi. Ensuite, il faut confirmer. Et c’est ce qu’il s’est passé pour moi sur le stage. Franchement, c’était incroyable.
J’AI ÉCHANGÉ QUELQUES MOTS AVEC GREGG POPOVICH
Mon coach, c’était Gregg Popovich (coach mythique des San Antonio Spurs, depuis 1996) avec qui on avait échangé quelques mots après un match. J’étais tellement choqué qu’il vienne me parler. Je me suis dit « Là, c’est vraiment Popovich qui me parle ? »
Il m’a dit : « Si tu veux devenir un meilleur passeur, il faut que tu fasses un dribble avant la passe […] Tu as tout pour y arriver. Et si j’ai un truc à te dire, c’est que le basket, ce n’est pas tout dans la vie. C’est une part dans ta vie, mais ce n’est vraiment pas tout. Il faut que tu prennes du plaisir quand tu fais du basket, parce que ce n’est pas éternel ».
Quand tu as un aussi grand coach qui t’explique tout ça, c’est waouh !
Dans ce stage, j’ai vu le All Stars Games et notamment le concours de dunk et le concours à 3 points. Je n’ai pas croisé beaucoup de stars NBA, mais je les ai vus. J’ai parlé quand même rapidement avec Nikola Vučević et avec un ancien pivot des Golden State Warriors. J’étais entouré de joueurs de très haut niveau. Et me dire que les yeux dans les yeux, je pouvais rivaliser avec eux, c’était incroyable.
AU MANS, JE ME SUIS DIT : « JE VAIS ÊTRE TROP FORT »
Je signe mon premier contrat pro avec Le Mans SB, à 18 ans. Je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu (7 minutes en moyenne sur la saison). Mais c’est la transition de passer de jeune joueur qui joue en jeune, à jeune qui va jouer en pro, avec des gars qui ont déjà joué à haut niveau, certains en NBA… C’est souvent très dur.
Lors de la préparation avec le club, je commençais déjà à jouer. Donc, je pense que je me suis vu trop haut, trop vite. Je me suis dit « c’est bon, je vais être trop fort ». Mais la réalité des choses, ce n’est pas ça !
Mon coach qui me faisait jouer en pré-saison a été coupé. C’est l’assistant qui a pris sa place. L’équipe était dans le dur cette saison-là et dans ces circonstances, tu ne fais pas beaucoup jouer les jeunes. Donc je suis resté sur le banc, j’ai appris et voilà.
C’était dur pour moi parce que ça ne m’était jamais arrivé, de ne pas être sur le parquet et de rester sur le banc. Je ne savais pas trop comment aborder ma situation, mais avec du recul, je pense que c’était l’une des meilleures choses qui puisse m’arriver.
Il me manquait des choses pour espérer jouer plus notamment sur demi-terrain. Je ne pouvais pas prendre de pick and roll, pas faire les bons choix, je perdais souvent la balle. Je n’étais pas assez efficace. Quand tu peux faire les meilleurs choix dans chaque situation, là, tu peux jouer en pro.
MATTHIEU GAUZIN : J’AI TROUVÉ CE QUE JE VOULAIS AU CHAMPAGNE BASKET
J’ai décidé de partir en prêt au Champagne Basket pour avoir plus de temps de jeu. J’ai choisi ce club parce que je voulais rester en Jeep Élite. J’étais persuadé que je pouvais jouer en première division. Il y avait un bon projet, avec un coach qui m’appréciait bien.
Ma journée type, c’est : entraînement à 10 h le matin. Personnellement, je viens toujours 1 h avant pour faire de la musculation. Donc je fais 9 h-11 h30, le matin. Je rentre chez moi, je mange, je fais une sieste. Ensuite, je reprends à 16 h, jusqu’à 18 h. Et je quitte la salle vers 19 h 30.
Les entraînements du coach, ce n’est pas individualisé. On fait s’entraîne collectivement, et avec Cédric Heitz, on fait beaucoup de match, tout le temps, donc c’est sympa.
Je travaille beaucoup à la salle de sport. Avant, je négligeais l’aspect physique, mais cette année, je m’y suis vraiment mis. Je fais tout pour prendre de la masse et être prêt pour affronter le haut niveau. Je dois faire 1 heure minimum de salle tous les jours, c’est important.
Dans ce club, j’ai trouvé ce que je voulais, pour le moment. Cela étant, je veux toujours plus… parce que je me dis que je peux faire plus, mais je suis déjà très content de jouer 20 minutes à chaque match en Jeep Élite.
MATTHIEU GAUZIN : “JE NE SUIS PAS SATISFAIT DU DÉBUT DE SAISON“
Le Champagne Basket joue le maintien, comme chaque saison. Avec notre début de saison frustrant, pour le moment c’est compliqué, puisqu’on n’avait pas encore réussi à trouver le rythme qu’on a maintenant. On est de mieux en mieux et ça, c’est bien.
Je ne suis pas satisfait des performances de l’équipe dans l’ensemble. Je sais qu’on peut largement mieux faire. Individuellement, je ne suis pas du tout satisfait non plus, je peux encore plus apporter. Je travaille pour ça.
Pour le moment, je pense juste à gagner le plus de matchs possibles, enchaîner les rencontres sur une bonne dynamique, et si je vois qu’on monte petit à petit dans le classement, là, je vais penser aux play-offs.
JE PENSE TOUS LES JOURS À LA DRAFT NBA
La Draft NBA, j’y pense tous les jours. Mais il faut que je sois bon, que je performe et que je fasse gagner mon équipe. Il faut que je travaille beaucoup, et ça arrivera quand ça arrivera.
Ce qui se dit autour, sur moi, je ne calcule vraiment pas. C’est cool d’être considéré comme une pépite pour la LNB. Ça fait plaisir, mais ça ne me perturbe aucunement, ça ne me rajoute pas de pression supplémentaire.
C’est sûr que, quand tu es basketteur, parfois, tu as tellement envie de faire tes stats que ça peut être un souci, tu peux devenir nul. Mais il faut savoir gérer. Pour moi, c’est quelque chose de naturel d’être altruiste.
Avant quand j’étais en espoirs, je jouais beaucoup pour les stats, je voulais tout le temps faire un triple double. Être complet, avoir de bonnes stats partout. En pro, je me dis beaucoup moins ce genre de chose. Parce que c’est souvent comme ça que tes coéquipiers n’ont plus envie de jouer avec toi. En plus, je suis meneur de jeu, donc je dois faire attention. Je ne peux pas me permettre d’être perso et de ne pas faire de passes.
MATTHIEU GAUZIN : UNE SAISON « COVID » FRUSTRANTE
Cette saison, avec la Covid-19, est très frustrante. C’est la première année où c’est comme ça : des fois, tu joues, des fois, tu ne joues pas. Tu ne sais pas quand sera ton prochain match.
Ce n’est pas l’aspect physique qui est le plus dérangeant, c’est vraiment au niveau du rythme. Parce que dans tous les cas, on va quand même s’entraîner, qu’on ait des matchs ou non. On est payé pour ça, donc il faut bien qu’on s’entraîne.
Avoir des trous pendant 2 semaines, c’est très énervant. J’ai envie d’enchaîner les matchs, c’est normal. Tu joues aussi pour la compétition. Mais non, avec le Covid, il y a des cas contacts… des choses à gauche, à droite, qui font que finalement, au dernier moment, tu ne joues plus. Donc c’est frustrant, mais il faut s’y faire.
J’APPRENDS EN REGARDANT LA NBA, L’EUROLEAGUE OU LA JEEP ELITE
Quand je ne fais pas de basket, je me concentre sur d’autres passions : j’ai la musique, les jeux vidéo et les mangas ! Je m’y suis mis depuis peu et je regarde pas mal Hunter x Hunter et My Hero Academia.
Je regarde aussi beaucoup la NBA, mais il n’y a pas que ça : il y a l’EuroLeague, la Jeep Élite, également. Donc j’essaye au maximum de m’intéresser aux autres rencontres, c’est toujours intéressant et tu peux te comparer. J’apprends énormément en regardant des matchs. Tu vois ce que tu peux faire, ou pas encore faire. Tu analyses tactiquement ce qui se passe ailleurs.
Je regarde mes matchs aussi. Je peux voir comment j’ai joué et je débats avec mon agent sur ce que j’ai bien fait, ou moins bien fait pour m’améliorer.
En NBA, j’aime beaucoup De’Aaron Fox, Kyrie Irving ou encore Russell Westbrook. Je ne suis pas focalisé sur un joueur… J’aime également voir le jeu de Bradley Beal, James Harden ou Donovan Mitchell. En fait, j’aime comprendre pourquoi ils sont forts et ce qui fait leurs forces.
MATTHIEU GAUZIN
Avec Nicolas Parant
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