PERRINE LAFFONT : COMMENT JE ME SUIS DÉPASSÉE POUR DEVENIR CHAMPIONNE OLYMPIQUE

Perrine Laffont a vécu son rêve olympique à 100% en décrochant une médaille d’or en ski de bosses aux derniers JO de Pyeongchang. Avec ses mots, elle vous fait vivre cette finale de l’intérieur.
Perrine Laffont
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Perrine Laffont a vécu son rêve olympique à 100% en décrochant une médaille d’or en ski de bosses aux derniers JO de Pyeongchang. Avec ses mots, elle vous fait vivre cette finale de l’intérieur. (Crédit photo Une : CNOSF / KMSP)

Pour ces Jeux Olympiques en Corée du Sud, mon objectif était clair : une médaille olympique. J’avais déjà eu cette expérience « découverte des JO » à Sotchi en 2014, il ne fallait pas cette fois avoir les mêmes résultats*.

*14ème place lors de l’épreuve des bosses.

Comme toute compétitrice, je m’entraîne tous les jours dans le but d’être médaillée. Une simple médaille aurait été un véritable accomplissement, mais je savais qu’en réussissant mes runs je pouvais rêver à plus grand. Ce but amène forcément une grosse pression et la peur de l’échec.

C’est pour cela que j’ai commencé à travailler avec une préparatrice mentale dès 2014. Nous avons d’ailleurs accentué notre collaboration en amont des Jeux Olympiques afin de gérer au mieux cette nouvelle pression et ça m’a franchement bien aidé.

BATTRE LA FATIGUE

Avant la finale, il y a eu une longue phase sur les skis qui m’a vraiment fatigué : entre les entraînements qui ont duré 4 jours, les qualifications, une nouvelle journée d’entraînement et enfin la finale. Lors des manches de Coupe du Monde on passe quasiment moitié moins de temps sur les skis. Mais la fatigue n’était pas seulement physique, mais aussi mentale avec cette pression olympique constante.

Pour cette dernière journée, la piste était correcte. Elle s’est améliorée au fur et à mesure et je savais que ce n’était pas ce facteur qui allait décider du résultat. Avant le starter de mon dernier run, j’étais en troisième position, donc médaillée de bronze virtuellement. Mais je ressentais une énorme fatigue et j’avais vraiment envie de terminer cette compétition. Je me disais que c’était compliqué d’aller chercher une médaille au vu de mon état, car je n’arriverais pas à accélérer. Je me devais de faire un dernier gros run, tout donner afin d’assurer un podium, mais je ne m’en sentais pas forcément capable sur le coup.

Les échanges avec mon coach ne sont pas si nombreux avant les runs, l’ensemble des figures est calé en amont par exemple. Mais pour celui-là, il est venu me parler, car il a senti ma fatigue. La préparatrice mentale lui avait dit de me booster avant le départ, ce qu’il a fait. Il m’a alors pris entre 4 yeux et il m’a un peu secoué afin que je puise au plus profond de moi toute mon énergie.

CHAMPIONNE OLYMPIQUE

Ce run est passé tellement vite, je n’ai pensé à rien. De base, je suis quelqu’un qui ne réfléchit pas trop quand je descends. Je suis dans ma bulle, au feeling avec mes sensations sans porter attention au public.

En passant la ligne, j’ai tout de suite su que j’avais fait un bon run, mais je n’avais pas pu voir mes adversaires précédentes et il restait encore deux autres filles à passer après moi pour clôturer la finale. En découvrant mes points et cette première place qui m’assurait une médaille de bronze, j’étais satisfaite, mais je ne réalisais pas encore.

La phase d’attente avec les autres filles qui sont sur le podium est assez longue et compliquée, personne ne parle trop dans ces moments-là.

Lorsque la dernière concurrente sort de la piste, j’ai mis du temps à réagir. Après un petit moment, j’ai réalisé que j’étais championne olympique et j’ai donc craqué. Toute la pression accumulée tombait.

Tout va ensuite très vite et c’est vrai qu’on n’a pas forcément le temps de savourer. Il y a beaucoup d’étapes après la course : le contrôle antidopage, la tournée avec les médias, le passage au Club France… Je suis rentrée me coucher à 6h du matin.

La célébration fut assez rapide, car la course des garçons se déroulait juste après ma remise de la médaille. C’est surtout le lendemain qu’on a bien pu fêter ça avec une partie de ma famille qui était présente sur place.

Être championne olympique ne m’a pas changé, je suis toujours la même personne. Il a vite fallu redescendre de son nuage pour retourner à la compétition et comme je suis quelqu’un qui ne se satisfait pas de ce qu’il a déjà eu, je suis vite retournée avec envie sur la Coupe du Monde pour décrocher d’autres podiums. Le retour à la réalité a donc été rapide.

Décrocher le globe de la spécialité n’était pas forcément l’objectif de ma saison avec cette réussite aux Jeux Olympiques. J’ai vraiment pris les épreuves comme elles venaient, si je n’avais pas eu le globe ce n’était pas si grave avec les nombreuses années de compétition que j’ai encore devant moi. Mais j’ai finalement réussi à faire le doublé cette année en remportant le globe et la médaille d’or aux JO, je suis donc très satisfaite de ma saison.

J’espère d’ailleurs défendre mon titre olympique dans 4 ans à Pékin !

PERRINE

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