MARC MADIOT : SON LIVRE “PARLONS VÉLO”

Marc Madiot, manager général de l’équipe FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme, revient sur sa carrière dans toutes les strates du cyclisme. Morceaux choisis de ses entretiens avec Mathieu Coureau dans son livre “Parlons Vélo” (Ed. Talent Sport)
Marc Madiot
(c) DR

Les sportifs ne brillent pas uniquement sur le terrain mais en apportant une aide à leur communauté par une action, une parole, une prise de position. La rubrique « Engagés » permet à un sportif de partager avec vous une réflexion sur une cause particulière.

Marc Madiot, manager général de l’équipe FDJ et président de la Ligue nationale de cyclisme, revient sur sa carrière dans toutes les strates du cyclisme. Morceaux choisis de ses entretiens avec Mathieu Coureau dans son livre “Parlons Vélo” (Ed. Talent Sport).

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Pour le grand public fan de cyclisme, Marc Madiot est avant tout le manager de l’équipe française en vogue, la FDJ. Mais le réduire au simple rôle de gestionnaire des Arnaud Démarre et Thibaut Pinot est un peu réducteur. En véritable acteur depuis quarante ans du monde de la petite reine (amateur, cycliste, pro, manager et dirigeant) , il retrace dans son livre son enfance à la ferme, les combines chez les amateurs, son éclosion au plus haut-niveau et bien sûr son ressenti sur le dopage.

Avec son franc-parler habituel, il distille également les anecdotes sur certains monstres sacrés qu’il a côtoyé comme Bernard Hinault, Laurent Fignon ou Greg LeMond, et commente l’émergence de la nouvelle génération française.

Découvrez 2 extraits de son livre “Parlons Vélo”.

 

En 1997, vous avez enfin votre équipe. Comment ? Comment sortez-vous du bistrot et de la boîte de nuit de Renazé ?

C’est un gros coup de chance. Je croise Christian Kalb, responsable marketing des paris sportifs à la Française des Jeux. Je viens lui présenter mon projet de sponsoring dans le but de mettre sur pied une équipe de vélo. Il aimait ce sport. Pour moi, c’était une bouteille d’eau jetée à la mer. Mais cela a pris du temps, deux années avant que cela se mette en place.

On est en 1995. J’ai le bar à Renazé et je suis consultant pour Europe 1. Quand je sors de ce rendez-vous avec lui à la FDJ, je me dis que ce sera avec lui, eux, et personne d’autre. Lui se dit la même chose de son côté, mais il ne me l’a dit que des années plus tard. Il m’a dit :« On ne savait pas si tu allais être bon, mais on savait que tu aurais envie ».

Et voilà. C’est avec eux que cela a accroché. J’avais envoyé le dossier à des dizaines de boîtes. J’y expliquais
mon envie de monter une équipe française et de gagner des courses, c’était à peu près tout. Avec le recul, c’était une démarche et un dossier extrêmement naïfs. Un truc de rêveur. Mais je ne pouvais sans doute pas faire beaucoup mieux à l’époque. De toute façon, je crois qu’on n’échappe pas à son destin. C’est un miracle. Mais j’y suis parvenu parce que j’y ai toujours cru. Si tu vas voir des gens et que tu n’es pas intimement convaincu de ce que tu vas leur proposer, si tu n’as pas la foi en toi, cela ne peut pas marcher. J’ai toujours eu cette insouciance. Comme j’avais été coureur, forcément, je réussirais à monter une équipe. Dans les moments difficiles, cela te sert.

Un jour l’un de vos coureurs remporter Milan – San Remo. Arnaud Démare l’a fait en 2016. Comme pour Fred Guesdon en 1997 sur Paris – Roubaix, vous avez « touché le plafond » ?

C’est drôle parce que je n’étais pas sur la Via Roma à ce moment-là. J’étais chez l’une de mes soeurs à Quimper. C’était compliqué au départ parce que Bein Sport avait les droits mais ma frangine n’avait pas l’abonnement. Donc on essayait d’attraper le direct sur Internet. Et puis ça ne fonctionnait pas. Elle a souscrit à un abonnement pour quelques jours et ça s’est mis en route. On a pu regarder le final. Je suis devant la télé… (long silence) Et encore aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir vécu un rêve et que ce n’est pas encore vrai.

Je pense que je me souviendrai toute ma vie de là où j’étais et avec qui. C’était surréaliste ce sprint. J’étais debout. On a explosé. Mais c’est une course tellement particulière… (silence) C’est électrique. Tu ne vois pas toujours bien les images, qui est là ou pas, tu devines. Et puis d’un seul coup tu vois que tu as un de tes mecs qui est là, et puis il disparaît de l’écran, et puis il réapparaît. Et tu te dis « Mais oui, il est là et il court très bien ». Puis il revient et tu te dis qu’il ne doit plus avoir de réserve. Le sprint se met en place, « Merde il est un peu loin ». Et ça gamelle. Tu te lèves parce que tu le vois très bien, puis très très bien. Tu commences à lever les bras, à poser les mains sur ta tête.

Des images furtives, Bouhanni qui tombe d’une dent, tu ne comprends pas trop ce qui se passe. Et puis ce n’est pas possible, il va le faire le petit. Il va le faire, tu commences à gueuler. Et tu le vois premier, tu le vois lever les bras. Putain, il lève les bras ! Tu exploses.

Le livre de Marc Madiot “Parlons Vélo” (Ed. Talent Sport) est disponible à la vente depuis juin dernier.

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