TRESOR MAKUNDA : DE L’OR PLEIN LES YEUX

Trésor Makunda, sprinteur malvoyant, nous raconte son histoire en quête d’or. Découvrez son récit, entre sa découverte de l’athlétisme, ses médailles paralympiques et son envie de changer le regard des gens.
TRESOR MAKUNDA
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Trésor Makunda, sprinteur malvoyant, nous raconte son histoire en quête d’or. Découvrez son récit, entre sa découverte de l’athlétisme, ses médailles paralympiques et son envie de changer le regard des gens.

Je suis mal voyant, je ne vois que la lumière et les formes.

Enfant, je ne me rendais pas vraiment compte de mon handicap, je voulais juste devenir un champion. C’est en grandissant que j’ai pu me rendre compte de ma condition et j’ai voulu surmonter cela en me donnant les moyens d’aller le plus loin possible sportivement.

J’ai commencé le sport à l’école et l’athlétisme à l’âge de 14 ans. Les exploits de Carl Lewis m’avaient marqué quand j’étais petit. L’une des premières difficultés pour moi a été de trouver un club qui voulait et qui pouvait accueillir des personnes handicapées, car à cette époque (en 1998) les clubs refusaient les inscriptions des personnes handicapées.

J’ai cru en moi très tôt. J’étais tellement motivé et passionné que je sentais que je pouvais réussir, avec du travail bien sûr. J’ai voulu devenir un champion dès que j’ai commencé à courir, dès l’école primaire. Mes proches m’ont soutenu et encouragé depuis toujours, et m’ont dit de tout mettre en œuvre pour y arriver. Si je m’en sentais capable, aucun obstacle ne devait m’en empêcher, et je dois dire que ma maman a été très importante, elle croyait en mes capacités.

EN QUÊTE D’OR OLYMPIQUE

Je suis content de ma carrière pour le moment. J’ai eu quasiment tous les titres dont peut rêver un sportif. Aux Jeux Paralympiques, j’ai obtenu la médaille d’argent à Athènes (2004), deux médailles de bronze en individuel et en relais à Pékin (2008) et une médaille de bronze à Londres (2012). Il ne me manque donc que l’or.

Athènes, c’était extraordinaire car j’étais tout jeune, je venais pour découvrir et je suis reparti avec une médaille d’argent ! Un souvenir gravé à vie.

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À Pékin, mes sentiments ont été plus partagés : j’ai ressenti à la fois de la déception et de la frustration car j’étais favori et je n’ai fini que 3ème. Mais cela reste cependant un souvenir incroyable. L’organisation était extraordinaire, l’événement et la cérémonie d’ouverture étaient grandioses. C’était vraiment magique.

Les jeux de Londres étaient également très réussis, très bien organisés, le stade était tout le temps plein et surtout ma famille s’était déplacée pour venir m’encourager.

Les jeux paralympiques c’est le rêve d’une carrière, l’évènement auquel tout sportif rêve de participer, surtout quand il a une chance de médaille. Obtenir un titre paralympique c’est le Graal.

ÊTRE UN ATHLÈTE HANDISPORT EN 2017

Je m’entraîne comme tous les athlètes de haut niveau, mais avec un guide qui est avec moi pour les entraînements et les compétitions. Comme les valides j’ai des entraînements spécifiques selon les jours avec des séances de musculation, d’autres plus axées sur la course, du lundi au samedi à l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance). Oui l’INSEP, là où les autres sportifs ont la chance de côtoyer un champion comme moi (rires) !

Le problème majeur reste que les athlètes handisports ont encore du mal à être reconnus en France, même si pour ma part j’ai la chance d’être bien médiatisé grâce à mon attachée de presse qui réalise un travail extraordinaire.

La difficulté à trouver des sponsors est liée à la médiatisation et à la visibilité que le sportif pourra leur procurer. C’est la même chose pour les valides d’ailleurs. Mais comme il y a moins de place dans les médias pour le handisport, c’est encore plus compliqué pour nous. Cela progresse cependant petit à petit : plus de retransmissions des grands évènements, tels que les championnats du monde d’athlétisme handisport, et on remarque donc un intérêt croissant du grand public. Mais la route est encore longue.

Mes besoins financiers sont le double de ceux d’autres athlètes puisqu’il y a aussi ceux de mes guides. J’ai la chance d’avoir Optic 2000 comme sponsor qui me suit depuis 2012 et qui me suivra j’espère encore le plus longtemps possible. Pour le moment, je reçois une dotation de leur part et je leur fais un retour sur leurs produits, mais pourquoi pas participer au développement de nouveaux modèles à l’avenir. Mais il est désolant de constater que malgré mon palmarès, je n’ai aucun équipementier qui me suive ! Je suis obligé de payer mes pointes moi-même, alors que ce n’est pas le cas pour la plupart des athlètes valides.

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Un athlète handisport doit donc s’entrainer comme un valide, avoir un travail à côté, et doit donc prospecter lui-même pour trouver de nouveaux sponsors.

LES JEUX, ENCORE ET TOUJOURS DANS MA TÊTE

C’est super pour le sport français d’avoir l’opportunité d’organiser les Jeux Olympiques & Paralympiques dans notre pays. Les sportifs français vont être encore plus motivés et plus performants. Les athlètes paralympiques seront mieux mis en lumière et donc vus et découverts par tous les Français. Ce sera une très belle fête pour le handisport. Je suis d’ailleurs déjà un ambassadeur de Paris 2024.

Le sport m’a permis de gommer mon handicap et de prouver que je peux réussir ce que j’entreprends malgré les difficultés inhérentes à mon handicap.

Si je pouvais changer quelque chose, je changerais le regard des gens. J’aimerais que les gens me considèrent comme un champion tout simplement (au même titre que les valides) et pas comme un champion “handisport”. Nous fournissons les mêmes efforts et quand nous gagnons, nous avons la même Marseillaise et le même bonheur. Et nous avons les mêmes larmes que les valides quand nous échouons. J’aimerais donc avoir la même reconnaissance, sans la condescendance que certains peuvent avoir pour les handicapés.

Mes objectifs pour le futur sont simples, je ferai tout pour aller à Tokyo 2020 et y remporter une médaille. Et dans l’immédiat ma préoccupation est surtout de trouver de nouveaux partenaires dont un équipementier pour me faciliter cette partie.

TRESOR

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