Crédit Photo Instagram Romain Potin
J’ai commencé l’équitation grâce à mes parents. Mon père a commencé un peu tard l’équitation, vers 16 ans, mais il a tout de suite été mordu et il a très vite fait ses formations dans l’équitation. Mes parents ont ainsi acheté un centre équestre et je suis né là-dedans. Ils ne m’ont pas poussé, c’est une passion qui est venu avec le temps. J’ai eu mon premier poney très jeune, à 2/3 ans, et j’ai commencé tout de suite.
Mon père a fait de la compétition, malheureusement pas au niveau que j’ai pu atteindre, car lui avait le centre équestre à côté qui demandait beaucoup de gestion et de temps. Il a dû se recentrer sur la vie du club, même s’il a atteint un niveau régional et a eu quelques belles années. Il est plus tard devenu l’un des officiels de piste les plus connus de France. Il a fini par se ranger derrière moi au fil de ma progression. Lorsque j’ai atteint les portes de l’équipe de France à 14/15 ans, je ne pouvais pas avancer tout seul, et il a mis sa vie de côté pour moi
J’ai commencé les compétitions dès 5 ans ½, grâce à un cheval exceptionnel. Mon père m’a toujours permis d’avoir 2 chevaux. Un pour les compétitions, pour « gagner », et l’autre pour perfectionner ma connaissance de l’équitation, pour « apprendre ».
L’ ÉQUITATION, UN SPORT À DEUX
La compétition m’a toujours attirée. Le défi de toujours aller plus loin, de défier mes limites. Quand j’étais petit, j’étais surtout mené par l’envie de gagner. Je n’étais pas un bosseur, mais j’avais des facilités sur lesquelles je me suis reposé jusqu’à 12, 14 ans. Puis, comme dans n’importe quel sport, tu finis par comprendre au bout d’un moment que tu ne peux pas progresser sans travail.
A la différence d’autres sports, dans l’équitation on n’est pas seul. On partage l’affiche avec un cheval qui demande énormément de travail afin de construire une synergie avec pour pouvoir contrôler ce que l’on fait ensemble. C’est ce qui fait qu’il y a 3 ans j’étais au top, et que maintenant je suis redescendu. J’ai pu faire tout le parcours junior, jusqu’au championnats d’Europe junior, car mes parents ont fait naître un cheval exceptionnel, Granush. Ils ont fait des sacrifices avec ce cheval, notamment en refusant de le vendre, car c’était un cheval avec beaucoup de potentiel, donc qui avait une certaine valeur.
Malgré cette carrière professionnelle, j’ai toujours voulu continuer mes études, car en plus d’être une carrière pro, c’est également un métier de loisir. On travaille en permanence que ce soit pour les compétitions ou pour la vie du centre équestre. Il y a 5 ans, ce n’était même pas encore mon métier. Je travaillais à l’époque avec mes parents, qui ont créé la marque Jumpin, du prêt-à-porter pour les cavaliers et cavalières, et j’ai tenté de me lancer à fond dedans, et ça m’a réussi.
REPARTIR DE ZÉRO POUR MIEUX POUR REMONTER
Il y a 10 ans environ, je suis resté bloqué à un certain niveau dans mes compétitions, car je n’avais plus de cheval me permettant d’aller plus loin. On a ainsi pris la décision de tout vendre pour réinvestir sur des jeunes chevaux, qu’on a dû former. Il y avait parmi eux Tzigano et Impressario, qui m’ont ouvert les portes de l’équipe de France, le titre de Champion de France Pro 1, et surtout le titre de Champion de France Pro Elite, le plus beau de ma carrière.
Aujourd’hui, je suis professionnel dans ce monde et mieux entouré qu’il y a quelques années, avec de nouveaux investisseurs, des mécènes, des partenaires avec moi. Il me reste encore 2 ou 3 ans de boulot pour les former au mieux, mais je pense que cette pente descendante va s’inverser. Mais le cheval est le meilleur élément pour te faire mentir. Rien n’est joué à l’avance, et tant que tu n’as pas monté le cheval, tu ne peux pas être sûr d’où il t’emmènera.
This is custom heading element
C’est un sport dans lequel on n’est pas tout seul. Le cheval à nos côtés compte autant voire plus que nous, et c’est un élément que l’on ne peut pas contrôler comme on veut. Je me rappelle mon Championnat de France Pro Elite, Tzigano m’a fait des choses inimaginables là-bas, des ailes lui ont poussées ! A la fin de la première manche, je suis quand même 43ème, à cause d’erreurs dues à mon inexpérience, c’était la première fois que je faisais ce championnat, et je n’étais venu là-bas qu’en quête d’expérience au départ. Je ne me serai jamais vu finir tout en haut. D’autant plus qu’à la fin de la première journée, Tzigano avait montré de sérieux problèmes musculaires, et l’ostéopathe qui nous suivait craignait qu’il ne puisse pas aller au bout. Par miracle, le lendemain il allait mieux. On finit par remonter 13ème, on se qualifie en finale. En Finale, on réalise un sans-faute qui nous fait passer 2ème, et le 1er au classement tape la toute dernière barre de son parcours… un scénario incroyable. Un véritable exploit ! C’est grâce à ces deux chevaux, Impressario et Tzigano, que je suis où j’en suis aujourd’hui. De réussir à avoir construit ce que l’on est en train de construire, c’est grâce à ces figures de proue.
J’ai toujours tout vécu avec mes proches. Que ce soient mes parents, ma femme ou mes amis proches, j’ai toujours eu besoin de travailler avec cet entourage proche. Je me souviens de grosses épreuves dans lesquels j’étais mal embarqué, et où j’ai fini par remonter simplement parce que ma femme et mes enfants sont arrivés entretemps et m’ont donné un gros coup de boost.
C’est d’ailleurs pour ça que j’ai besoin d’avoir des mécènes et des partenaires très proches de moi, comme s’ils formaient une deuxième famille pour moi. Dès que je sens que ça ne le fait pas avec un partenaire, j’arrête tout de suite. Je suis quelqu’un qui ne sait pas faire semblant.
JONGLER ENTRE COMPÉTITION ET ÉCURIES
Depuis 4 ans je gère aussi mes propres écuries avec ma femme. On a démarré la première à Lyon où ce fut compliqué. Malgré d’excellentes performances sur ma carrière professionnelle, on était un peu loin de tout le monde : la famille, les amis… Je suis aussi fanatique de ma région, je ne saurai trop l’expliquer, mais j’ai quelque chose de fort qui m’attache à ma région. On a décidé de rentrer dans le Nord l’année suivante et ça se passe très bien aujourd’hui !
Je ne peux pas vraiment choisir entre ma carrière sportive et mon écurie. Je jongle entre les deux en permanence. Pour moi, ceux qui sont tout en haut aujourd’hui ont derrière eux un travail de longue haleine afin de construire tout ce qu’ils ont construit, ou ont des moyens supérieurs à la moyenne. L’équitation est un sport très onéreux, ça ne sert à rien de le cacher. Notre sport vit notamment grâce à la présence importante des sponsors et surtout des mécènes. C’est également un sport qui peut rapporter beaucoup avec la vente de chevaux notamment. L’argent compte pour beaucoup dans l’équitation, mais les meilleurs cavaliers ne sont pas les plus riches pour autant, le travail en amont du cavalier et de son cheval est particulièrement important.
Je suis quelqu’un qui adore transmettre ma passion de l’équitation. Je fais beaucoup de stage, j’adore voir l’évolution de mes chevaux, des cavaliers que je peux aider.
Pour le futur, j’espère pouvoir revenir sur le devant de la scène. C’est un long travail qui me motive beaucoup. Je suis en ce moment sur une phase de formation de mes chevaux, et je pense en être capable, mais je préfère ne pas me projeter trop loin. Pour le moment, je travaille au jour le jour, il faut prendre le temps ! Je remercie d’ailleurs mes partenaires, mes mécènes et surtout ma famille et mes amis sans qui je ne serai rien aujourd’hui.
ROMAIN
Avec la participation de Thibaut Vancaeyseele