RUDY COIA : LA MUSCULATION, UNE PASSION ADOLESCENTE DEVENUE UN MÉTIER AU SERVICE DES AUTRES

Pendant longtemps cantonné à une image vieillissante, la musculation a su faire sa mue sur les nouvelles plateformes digitales pour se renouveler et redevenir tendance. Rudy Coia fût le premier à croire aux liens existant entre sa discipline favorite et internet. Il nous raconte son parcours, de ses débuts sur des planches de bois à la création du premier site de coaching en ligne.
Rudy Coia
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Les athlètes sont souvent imperméables à toute communication avant que la compétition ne soit terminée. La rubrique « Dans la peau » permet à un sportif de partager avec vous ces moments secrets et déterminants qui forgent la réussite de leurs projets.

Pendant longtemps cantonné à une image vieillissante, la musculation a su faire sa mue sur les nouvelles plateformes digitales pour se renouveler et redevenir tendance. Rudy Coia fût le premier à croire aux liens existants entre sa discipline favorite et internet. Il nous raconte son parcours, de ses débuts sur des planches de bois à la création du premier site de coaching en ligne www.rudycoia.com. (Crédit photo Une : Lilton Morris). 

J’ai toujours été assez sportif. Tout d’abord en pratiquant le karaté très jeune, puis en enchaînant sur le tennis et le tennis de table. À cette époque, le sport était un jeu.

Mais c’est vraiment par le biais de l’athlétisme que j’ai pu me découvrir un certain potentiel en devenant champion d’Ile de France poussins sur 60 m et 100 m. En voyant que j’étais doué et que j’avais vite des résultats, c’est devenu plus qu’un jeu. Comparé aux autres enfants de l’époque, j’étais vraiment passionné. Je m’étais abonné à des magazines spécialisés comme VO2 athlétisme, j’enregistrais les Championnats qui passaient à la TV. J’ai encore d’ailleurs quelques cassettes chez mes parents notamment celle où Michael Johnson bat le record du monde du 400 m.

Je voulais voir jusqu’où je pouvais aller. J’étais bien plus sérieux que les autres enfants qui souvent abandonnaient dès que l’entraînement pouvait devenir difficile. Souffrir pour moi n’était pas grave, je restais motivé et concentré sur ma progression. J’ai d’ailleurs presque intégré un sport-études à mes 12 ans, mais cela ne s’est pas fait.

MA DÉCOUVERTE DE LA MUSCULATION

Un jour, mon père s’est blessé au genou et durant sa convalescence il a pu acheter un banc de musculation et quelques magazines spécialisés pour ne pas abandonner la pratique sportive. C’est comme ça que j’ai commencé à faire mes premiers exercices pour les abdominaux à 12 ans.

C’était un peu mon rituel après l’école. Et comme tout jeune débutant, le problème était que j’en faisais beaucoup trop enchaînant une dizaine d’exercices sans respecter le nombre de répétitions ou le temps de récupération. J’aimais bien le développé couché pour lequel je me suis vraiment pris au jeu de dépasser mes limites. Je ne progressais pas vraiment physiquement, mais je voyais les poids monter sur les barres et c’était assez glorifiant de voir ces résultats.

J’ai alors naturellement délaissé l’athlétisme. Mes parents m’ont acheté un livre et je me suis directement concentré sur le programme visant à prendre du volume. C’était un entraînement où tu travaillais tout le corps à chaque séance. J’étais assez doué pour prendre des pectoraux et cela se voyait immédiatement.

Quand tu pratiques une activité sportive comme l’athlétisme, tu t’entraînes et tu sens la vitesse et la fatigue, mais pas spécialement ton évolution physique. C’est aussi ce que je recherchais au travers de la musculation. À l’époque, je prenais mes mensurations chaque mois avec mon père dans un cahier. J’avais passé les 30 cm de tour de bras et j’étais tellement heureux du pouvoir de ce sport et des conséquences perceptibles sur ton corps. Cela donne une grosse confiance en soi pour la suite.

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LA SALLE, PRÉLUDE À LA COMPÉTITION

À l’époque, on n’avait pas le droit d’accéder aux salles de musculation avant 16 ans. Je m’entraînais donc chez moi avec un emménagement maison. Pendant des vacances avec ma famille en club, j’ai tout de même pu me tester en réalisant pour la première fois 100 kg au développé couché à deux répétitions. Soit seulement 5 kg de moins que le record de France de ma catégorie et de mon poids de l’époque.

J’ai tout de suite voulu aller chercher ce record et j’ai donc cherché une salle qui accepterait les ados de mon âge. Une fois inscrit dans l’Apollon Club de Tremblay, j’ai réussi à égaler cette marque dès le premier jour, car le président de la salle voulait me tester. Et c’est ainsi que j’ai commencé à faire de la compétition même si j’étais le plus jeune.

Avec mes 81 kg pour 1m95, mon surnom était sac d’os ! Mais ce genre de sobriquets ne m’était pas réservé, il y avait le têtard, la montagne, dos en mousse, bras de poule…

Cette première année ne s’est pas passée comme je l’imaginais, car je n’ai pas beaucoup progressé, seulement 2 kg en plus sur la balance à un âge où tu dois exploser. C’était très frustrant, j’étais très sérieux, mais ce fut un passage obligé pour me remettre en question et continuer ma progression. Je n’arrivais pas à atteindre mon objectif de faire 8 répétitions à 85 kg. Je suivais ce que préconisaient certains champions avec 6 exercices à faire pour les pectoraux sans me douter que ces conseillers étaient dopés.

Mais cette salle associative avec sa bonne ambiance, notamment des autres pratiquants plus âgés qui m’ont pris sous leurs ailes, m’a permis de poursuivre cette fameuse progression. J’ai réussi à battre le record de France en soulevant 110 kg même si ce n’était pas officiel. J’ai aussi compris comment mieux gérer les blessures et les courbatures, problèmes assez fréquents pour les grands dont je fais partie.

Mais ces petits problèmes n’étaient rien, comparés à d’autres sports que j’estimais bien plus durs comme l’athlétisme ou la natation. C’est devenu comme une drogue, avec cette poussée naturelle d’endorphines qui sont sécrétées lors de la pratique d’activités physiques. Et puis j’étais aussi accro à cette sensation de fin de séance où tu finis tout gonflé et que tu ressembles un peu à l’un des superhéros des films Marvel ou DC Comics.

Aujourd’hui, ma pratique a forcément évolué et je ne commets plus l’erreur de trop en faire. Mes 4 séances par semaine sont un bon compromis entre récupération et progression.

TRAVAILLER DANS LE DOMAINE DE LA MUSCULATION, UNE VOCATION

À partir du moment où je me suis inscrit en salle, la musculation est devenue une passion débordante. La question de mon avenir s’est un peu posée d’elle-même dans le sens où je voulais travailler dans ce domaine. Je voulais pouvoir m’entraîner, mais aussi conseiller toutes les personnes intéressées.

À 16 ans, j’ai arrêté le lycée en pleine année scolaire pour passer mon premier Brevet d’État et j’ai enchaîné ces formations. En parallèle, j’ai continué les compétitions de force athlétique et je suis devenu Champion de France junior dans ma catégorie des -90 kg.

Pour mes 18 ans, je me retrouve avec le diplôme final en poche. Mais alors que j’avais les compétences, je n’avais pas pensé au fait qu’aucune salle ne voudrait donner les clés de son club à un jeune tout juste majeur. C’est pour cela que je me suis tourné vers internet.

J’étais déjà connu sur certains forums de musculation sous le pseudo « Body » en répondant à tous les types de questions. Un de ces contacts qui deviendrait un jour mon associé quelques années plus tard sur le projet SuperPhysique m’a alors dit qu’on pourrait ouvrir un site destiné au coaching à distance. J’avais déjà quelques demandes de personnes qui souhaitaient que je leur fasse leurs programmes, car ils avaient vu mes progrès en photos.

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Le lancement du premier site s’est fait en 2006 avec l’accès à des séances de coaching numérique. Si les coachs existaient en salle, j’étais le premier à faire ça en ligne !

Je n’avais pas encore d’ambition à l’époque. Je me disais que si j’arrivais à gagner 1000 euros par mois ce serait super et finalement il m’a fallu seulement 6 mois d’activité pour atteindre ce palier. Et tout s’est naturellement enchaîné. 3 ans plus tard sortait le site superphysique.org où nous étions des précurseurs pour parler de musculation naturelle sans dopage. On a également été les premiers à se lancer sur YouTube en montrant de nombreux exercices en vidéos. Sans oublier nos fameux podcasts réalisés avec Christophe Carrio et mon ami Julien Venesson.

J’estime être l’un des pionniers de cette démocratisation de la musculation. Je n’en avais pas conscience à l’époque, car j’étais uniquement dans une optique de transmission de mes connaissances.

JE SUIS L’UN DES PIONNIERS DE LA MUSCULATION À DISTANCE

Le coaching en salle est assez onéreux pour la plupart des gens qui s’ils sont sérieux peuvent mettre jusqu’à 600 euros par mois. C’est armé de ce constat que je me suis dit que ce coaching à distance pouvait être plus accessible. Contrairement à la concurrence, je ne faisais pas de programmes à durée déterminée, mais plutôt un format hebdomadaire où je demandais un résumé des séances de l’élève. Tous les facteurs de l’entraînement étaient personnalisés, que ce soit les temps de récupération, le nombre de répétitions par série, les séries et les exercices pour m’assurer que mon élève progressait.

Pendant 10 ans, j’ai coaché de cette manière, mais à un moment j’ai estimé que j’en avais fait le tour. C’est là que j’ai sorti la méthode SuperPhysique en 3 tomes pour l’instant avec les deux premiers tomes consacrés à l’analyse morpho-anatomique. Il s’agit d’examiner une personne d’un point de vue de ses longueurs osseuses et musculaires pour déterminer les exercices adaptés pour elle. Pour moi, un coaching efficace, c’est un coaching personnalisé. C’est ce que je garantis à mes élèves.

LES RETOURS NÉGATIFS SONT UNE INCOMPRÉHENSION DE CE QUE L’ON VA FAIRE

Depuis que j’ai dépassé les 2000 élèves il y a deux ans, j’ai arrêté de compter. Aujourd’hui, je sélectionne les personnes avec lesquelles j’ai envie de travailler. Ce qui a totalement supprimé certains retours négatifs, car ceux-ci sont souvent liés à une incompréhension de ce qu’on allait faire. Beaucoup de personnes arrivent en musculation avec des idées reçues et préconçues non pas pour remettre en question ce qu’ils font, mais pour être confortées dans leurs fonctionnements. Mon but n’est pas d’imposer quelque chose de prédéfini, mais d’accompagner chaque personne pour trouver son équilibre en termes d’entraînement, d’alimentation et même de vie pour atteindre ses objectifs personnels.

J’ai une méthodologie plutôt universelle que je garantis et qui va faire progresser 99,9 % des personnes s’ils appliquent la méthode de A à Z. Elle est le résultat de cet apprentissage de tous ces élèves.

Aujourd’hui, je navigue entre de nombreuses activités, ce qui me demande une organisation de tous les instants. En dehors du coaching, j’écris beaucoup d’articles pour mes sites internet, je réalise encore des podcasts chaque semaine et je possède ma propre salle de sport sur Annecy. Il y a également notre marque de compléments alimentaires avec tout le travail logistique, marketing et qualité que cela peut engendrer.

Mes douze années d’expérience m’ont permis de cadrer toutes ses activités et de me dégager finalement pas mal de temps libre. Il est loin le temps où j’avais écrit 400 articles en un été pour la sortie du site SuperPhysique.

D’un point de vue personnel, j’aspire toujours à progresser et à proposer du contenu innovant sous différentes formes. Cette envie de transmettre fait partie de moi aujourd’hui. Ça m’énerve quand les gens aujourd’hui se font prendre pour des pigeons. Ce fut mon cas dans le passé et je me fais donc un devoir d’aider toutes ces personnes.

Pour pouvoir progresser, l’important est de ne pas trop en faire, de respecter le temps de récupération et de repos mais surtout bien s’alimenter est primordial lorsque l’on veut être performant.

IL N’EXISTE PAS DE DIÈTE UNIVERSELLE POUR TOUS

Il y a beaucoup de modes de régimes qui reviennent souvent, mais la base d’une alimentation saine est : éviter les aliments industriels et les plats préparés, manger bio, réduire sa consommation de viandes, stopper les excès et manger beaucoup de fruits et légumes.

Ce sont plus des préconisations de bon sens plutôt qu’une véritable révolution. Par exemple, il y a des personnes qui aiment le chocolat et qui sont obligées d’en manger tous les jours. Je leur dis que c’est possible, mais au lieu d’en engloutir toute une tablette, ce sera un carré par repas. Cela va passer parce que c’est le goût qui compte.

Il n’y a pas de diète universelle pour tous. Il suffit de faire des compromis. Tout le monde connait les règles pour prévenir les maladies dégénératives, mais parfois les émotions prennent le dessus sur la raison. On en oublie que si l’on veut se transformer physiquement, ça se joue sur le moyen terme. Tous ceux qui promettent des résultats sur le court terme sont des arnaqueurs !

Un de mes premiers élèves qui s’appelait René, avait 50 ans et buvait 10 bières par jour. Progressivement, il est descendu à 2 bières par jour et cela lui a permis de perdre 20 kg. C’est un exemple extrême, mais mon but à terme, est de mettre les gens sur la « bonne voie » de l’alimentation et de la santé.

L’alimentation permet de maximiser les efforts que l’on fait sous les barres ou dans n’importe quelle activité sportive. Si l’on mange de manière incorrecte, on va moins bien récupérer, on va favoriser les blessures ou l’arrivée de maladies, on va moins bien dormir… C’est un cercle vicieux.

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FAIRE DU SPORT EST LE MEILLEUR MOYEN POUR ÉVACUER DES TENSIONS

J’aimerais insister sur un dernier point que j’ai évoqué plus tôt. Au-delà de tous les objectifs de performance, le plus important concernant la pratique sportive reste la possibilité d’évacuer toutes les tensions et frustrations accumulées au quotidien.

Arnold Schwarzenegger disait justement « tous les problèmes peuvent être réglés par des poids ». On peut l’extrapoler à plein d’activités, mais c’est un peu ça.

C’est pour cela qu’il est important de ne jamais arrêter de faire du sport, pour moi prendre une semaine de repos est un faux concept. C’est comme les vacances en grossissant le trait, ça n’existe pas, car chaque jour notre corps est en perpétuel mouvement ou changement. C’est le reflet de nos habitudes. Ce qu’il se passe, c’est que plus tu as un niveau élevé dans une activité plus tu te déconditionnes quand tu arrêtes.

En musculation, quand tu as un niveau légende par rapport à mon site superphysique au développé couché, si tu prends une semaine de repos complète, tu peux perdre jusqu’à 10 kg en série sur tes barres. Malheureusement, ces 10 kg ne vont pas revenir en une semaine. Quand tu débutes, cela se voit forcément moins.

Désormais, j’essaie d’envisager mon avenir d’une façon différente. Comme l’indique Timothy Ferriss dans son livre « La tribu des mentors » : l’excellence, c’est les cinq prochaines minutes ou rien du tout. C’est pourquoi je réfléchis à mon avenir en pensant semaine ou mois. Tout ce que j’ai construit au fil des années s’est fait progressivement. Notre marque de supplément vient de sortir donc on va continuer de la développer parce qu’elle fonctionne bien et que les gens nous font confiance pour cet aspect qualitatif.

Je vais également essayer de continuer le développement du club SuperPhysique en essayant d’avoir le plus de licenciés possibles.

Mais le plus important pour moi est de continuer de m’amuser, de progresser et de montrer l’exemple d’une musculation naturelle.

RUDY

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